Légende, ou histoire vraie ?

99 moutons et un berrichon font 100 bêtes

Voilà une de ces phrases du patrimoine local et dont la majorité des Berrichons ne connaissent pas l'origine, origine qui est pourtant fort instructive et toujours d'actualité.
Contrairement à ce qu'un vain peuple peut croîre, ce dicton n'a rien à voir avec une supposée bêtise des Berrichons, descendants des Bituriges dont le nom celtique signifie "les Rois du Monde", excusez la modestie.

D'abord, il faut savoir que la Champagne berrichonne qui traverse la province est une terre pauvre qui ne se prête pas à la culture sans amendement, et ne pouvait donc servir qu'à l'élevage, et c'est pourquoi la principale richesse de la province fut la laine, d'où les trois moutons dans les armoiries de la ville de Bourges.

Sous l'Ancien Régime, époque maudite s'il en fut jamais, puisque le taux de d'imposition, la dîme, s'élevait au chiffre scandaleux de 10 %, les gouvernants à court d'argent instituèrent un nouvel impôt sur l'outil de production de la province : les troupeaux de moutons.

Pour ne pas faire trop de mécontents, l'intendant de la province de Berry, l'ancêtre de notre commissaire de la république ou préfet (peu importe le nom du médiocre flic envoyé par Paris) jugea qu'il fallait juste TAXER LES RICHES. Riche idée en effet, pas très neuve non plus.

Aussi, la nouvelle taxe sur les troupeaux ne concernait que les propriétaires de 100 moutons et plus. En dessous de 100 moutons, on ne payait rien. TROP FORTS CES BUREAUCRATES. Que croyez vous qu'il arriva ? Brusquement, tous les paysans berrichons se trouvèrent possesseurs de troupeaux de 99 moutons, donc pas d'impôt.

Grande fureur de l'intendant de la province; ces vilains Berrichons devaient être chatiés. La mauvaise foi étant la qualité première des fonctionnaires, en tout temps et en tout pays, l'intendant décida très démocratiquement que les troupeaux de 99 moutons devaient être taxés comme s'ils comptaient 100 bêtes, en arguant de cette phrase qui resta : 99 moutons et un Berrichon font 100 bêtes. Pour parler comme ces traîtres de Saxons, c'était ajouter l'insulte à la blessure.

Voilà la vérité rétablie, et bien sûr cela n'a rien à voir avec les effets de seuil dans les PME à 49 personnes, et la Commission Européenne vient de décider toute seule, dans sa grande sagesse, que les apprentis doivent maintenant être comptés dans les effectifs des entreprises. Et il y a des gens qui croient au progrès ! Pauvres naïfs ! Rien de nouveau sous le soleil, comme le dit les Ecritures.

C'est ici